A Vézelay, le sopraniste Bruno de Sa révèle toute la troublante dualité de sa voix

Les 24es Rencontres musicales de Vézelay (Yonne), qui durent jusqu’à dimanche 25 août, proposent un large panel d’expressions vocales, avec toutefois une prédominance du répertoire baroque. La journée d’ouverture, jeudi 22 août, a magnifiquement validé le statut de « festival de découvertes » que François Delagoutte recherche pour la manifestation qu’il dirige depuis 2018. Un partage de l’inédit qui s’est effectué tant dans l’exhumation de pages oubliées que dans une nouvelle approche d’œuvres connues.
La première orientation détermine le programme donné, en milieu d’après-midi, dans la collégiale Saint-Lazare d’Avallon, par le sopraniste Bruno de Sa en compagnie de l’ensemble Les Accents dirigé, au violon, par Thibault Noally. Un florilège de musique sacrée – principalement des extraits d’oratorios – qui utilise la voix de manière étourdissante. Résultant d’une absence de mue à l’adolescence, celle de Bruno de Sa est sans équivalent aujourd’hui. Dans le registre grave, son timbre évoque le chant d’un enfant, mais, dans les aigus, en aucun cas celui d’une femme, comme cela se produit dans les prestations de contre-ténor. Cette troublante dualité, investie par une aisance technique peu courante, donne à Bruno de Sa des airs de magicien qui transforme les vocalises en messages surnaturels.
Pourtant, le jeune Brésilien n’a rien d’un ange. Vêtu d’une veste-cape blanche aux manches ouvertes qui tombe, comme une chasuble futuriste, sur un pantalon noir, il apparaît les mains jointes, à mi-chemin entre l’officiant et le pénitent. Plus encore que sur l’agilité, son art repose sur la simplicité et sur le naturel. Il s’adresse au public dans une manière de confidence, comme s’il chantait des lieder au coin du feu. Cependant, ses paroles se rapportent au martyre de sainte Catherine (Antonio Caldara) et à la sainte Annonciation (Alessandro Scarlatti) ou, plus généralement, à Dieu (Gloria, de Georg Friedrich Haendel). Plus prosaïques, des séquences strictement instrumentales (Sinfonia, Quartetto) permettent aux Accents de déployer leur bel éventail de textures à base de cordes.
Le festival se poursuit sur les hauteurs de Vézelay. En plein air, derrière la basilique Sainte-Marie-Madeleine, avec un autre assortiment de chants anciens, cette fois des mélodies populaires, pour la plupart en occitan, qu’interprète avec esprit le groupe Les Mécanos. Une dizaine de barbus originaires des environs de Saint-Etienne qui revisitent la musique traditionnelle avec une percussion insolite : clés plates, pots d’échappement et carillons de jantes.
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